mercredi 3 mars 2010

HHhH - un roman sur «la solution finale».

photo : Reinhard Heydrich
Le prix Goncourt pour le 1er roman 2010 a été attribué à Laurent Binet pour son roman intitulé HHhH.

Le livre raconte l'histoire de Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo et planificateur de «la solution finale», c'est-à-dire l'élimination systématique des Juifs d'Europe durant le régime hitlérien.

Je suis de ceux qui trouvent que ce sujet horrible sert trop souvent à publier de mauvais livres et la méthode du «roman historique» soulève quelques questions pour moi en ce qui concerne la confusion des genres et les libertés que l'on peut prendre avec la réalité historique... Mais HHhH semble tout-à-fait original dans sa démarche.

En effet, en plus de s'infiltrer à l'intérieur du régime nazi, le livre aborde aussi la tentative d'assassinat menée contre Heydrich depuis Londres par le gouvernement tchécoslovaque en exil. Deux jeunes parachutistes, un Tchèque et un Slovaque, avaient alors été chargés de tuer ce personnage-phare du IIIe Reich. Mais HHhH est aussi une réflexion sur les rapports entre réalité et fiction, car l'auteur émaille son récit d'interrogations sur la façon de raconter ces événements historiques, tout en employant la forme du roman. Laurent Binet n'aurait pas pris de libertés avec les faits historiques, mais il reste qu'il se demande pourquoi écrire qu'Heydrich est assis plutôt que debout, habillé d'un manteau plutôt que d'un imper, que le ciel est noir plutôt que bleu, les parachutistes crispés ou terrorisés...

J'ai toujours cru que la littérature réussissait souvent à mieux traduire la réalité parce qu'elle permettait justement une liberté plus grande pour ainsi mieux rendre compte des sentiments, de la profondeur de l'âme humaine et des excès de l'homme.

Ce livre n'est pas encore dans nos librairies, mais j'attends impatiemment son arrivée.

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