lundi 31 mai 2010

Israël en difficulté ? (ajout)

Lors de la dernière viste de Netanyahou aux USA, Obama a annulé la photo officielle conjointe dans la roseraie de la Maison-Blanche.
Le 1er ministre israélien Benyamin Netanyahou vient d'annuler sa visite aux USA (sans doute pour éviter de compromettre les tentatives de rapprochement USA-Israël) pour aller gérer la crise occasionnée par l'assaut militaire israélien contre un convoi humanitaire à destination de Gaza...

Ceci dans un contexte où les relations entre les 2 pays ont rarement été aussi tendues puisque le gouvernement américain cherche à relancer le processus de paix alors que le gouvernement israélien poursuit la colonisation des territoires occupés, colonisation qui demeure le principal obstacle à la paix dans la région... En effet, comment envisager un État palestinien si celui-ci ressemble de plus en plus à un fromage suisse grugé par des implantations juives partout sur le territoire ?

Cette relation USA-Israël est fort complexe, mais peut-être pouvons-nous considérer le contexte actuel comme prometteur pour un déblocage :
  • Les élections de mi-mandat se préparent aux USA et on connait tout le poids (financier et politique) de l'électorat juif comme celui de la droite religieuse, généralement solidaire de l'intransigeance israélienne...
  • Mais l'intervention militaire israélienne musclée (pléonasme ?) qui a tourné au drame hier peut déboucher en crise diplomatique grave pour l'État hébreux : Plusieurs morts, militants des droits humains, écrivains, députés de plusieurs pays européens ou du Moyen-Orient faisaient partie du convoi.
  • À noter également que les Juifs américains sont de plus en plus ouverts à la création d'un État palestinien et qu'ils se désolidarisent progressivement du principal lobby pro-Israel, l'AIPAC, jugé trop radical.
Si on tient compte de l'érosion qu'il y a entre le lobby israélien et l'électorat juif américain, ainsi que de la divergence d'intérêts qui est de plus en plus manifeste entre Israël et les USA, et qu'on y ajoute l'image de plus en plus négative que projette le gouvernement actuel d'Israël repésenté par des figures radicales comme Netanyahou et Avidgor Lieberman (Ministre des affaires étrangères et leader de l'extrême-droite), on peut penser que le contexte est favorable à une plus grande pression américaine sur Israël...

Obama n'a aucun repos ! Et les événements font en sorte qu'il doit déployer un courage incomparable dans tous les domaines pour être à la hauteur des défis qui se posent devant lui. Mais un grand leader politique doit agir lorsque la conjoncture s'y prête... Et il me semble qu'il est plus facile de faire plier un gouvernement israélien jugé radical qu'un gouvernement ouvertement engagé vers le dialogue qui tarde à agir en conséquence...

samedi 29 mai 2010

Harper vu par Courtemanche.

L'écrivain Gil Courtemanche vient de publier cette critique acerbe mais systématiquement vraie de Stephen Harper et de sa gouverne : une excellente synthèse des agissements de l'homme face aux principes du parlementarisme et à ceux de la démocratie en général.

vendredi 28 mai 2010

Dans l'atelier avec l'artiste.

Yoakim Bélanger est un artiste-peintre de plus en plus prisé dans le milieu des arts visuels. Je ne connais pas le langage de ce milieu, mais j'apprécie la démarche de Yoakim et j'adore les techniques et matériaux qu'il s'emploie à choisir. Le résultat est toujours fort, il offre une sorte de présence émotionnelle qui capte l'oeil et l'esprit, qui occupe la pièce dans laquelle on entre de façon incomparable.

J'ai passé un lundi matin bien particulier au mois de mars dernier à observer Yoak peindre et à le prendre en photo... J'y ai vu un gars à la fois insécure et sûr de lui - vulnérable mais sans gêne; intuitif et méthodique; comme s'il savait où il s'en allait, mais sans passer par le chemin convenu, demeurant toujours ouvert aux détours qui s'offrent à lui...


Ce matin-là sera toujours particulier pour moi parce que la veille, j'ai failli me noyer dans le fleuve lorsque la leash de ma planche de surf s'est rompue et que je me suis ramassé dans un vortex, puis deux, qui m'ont traîné vers le fond. L'eau était glaciale et mon wet suit devenait lourd, je me sentais faiblir et emporté par une eau plus forte que moi... Puis, je suis sorti, affaibli et sous le choc... La vague que je croyais trop bien connaître m'avait rappelée à la réalité crue : on est petit quand les événements s'enchaînent et les éléments se déchaînent...

Voici la pièce que Yoakim a réalisée ce jour-là. Ça s'appelle Le chant de la nécessité. Disons qu'il a exprimé à sa manière la nécessité qu'il y avait pour moi de vivre maintenant ou de périr platement dans l'eau glaciale du St-Laurent...


Pour plus d'information sur l'exposition de Yoakim Bélanger les 29 et 30 mai, 60 rue St-Paul ouest.

Amir Khadir cible Charest.

Voir cet article de cyberpresse.

jeudi 27 mai 2010

La démocratie en crise (3)

Après avoir discouru ici et ici de la crise de confiance qui s'abât sur notre démocratie, on en rajoute une couche aujourd'hui : Les démocraties contemporaines voient les majorités cohérentes sur lesquelles elles reposaient s'éroder au profit de petites clientèles qui, agglomérées ensembles, peuvent constituer de «nouvelles majorités» fort préoccupantes...

Le Devoir a sorti un excellent dossier sur les différentes stratégies mises en place par le Parti Conservateur de Stephen Harper pour gagner une majorité au Parlement canadien. Cette stratégie est inspirée entre autres des campagnes menées par John Howard, ex-1er ministre australien, et George W. Bush... Cette «politique de la division» a servi à mobiliser des minorités agissantes capables de faire la différence face à un électorat plus modéré mais démobilisé...

Aux USA, le mouvement Tea party est en train de faire basculer le Parti républicain dans un discours quasi-raciste, à la limite paranoïaque envers toute intervention du gouvernement fédéral, pourtant garant de l'unité et de l'égalité dans ce pays. La droite religieuse à l'oeuvre depuis l'ère Reagan nous a aussi démontré combien le radicalisme peut réussir à s'infilter dans les sphères du pouvoir de façon à infléchir les politiques gouvernementales, voire le système judiciaire... 

Mais attention, ces conservateurs sociaux et ces fous de Dieu existent aussi chez nous et ils investissent le Parti conservateur de M. Harper. Et la rigidité idéologique de M. Harper lui réussit (voir la rigidité de Harper 1, 2, 3).

Aux USA on exagère sans doute l'importance du Tea party movement comme on amplifie trop souvent le nombre de chrétiens évangélistes... Ces groupes sont minoritaires, mais ils constituent des minorités agissantes capables de faire élire des candidats par leur grande capacité à mobiliser argent, militants, votes, domination de l'espace public, etc.

Telle est la démocratie contemporaine : il n’y a plus de majorité, que des minorités efficaces qui réussissent à imposer leur agenda à une réelle majorité qui a perdu le sens de la mobilisation collective…

mercredi 26 mai 2010

Obama englué dans le pétrole ?

Plusieurs critiques s'élèvent contre la gestion obamienne de la crise dans le Golfe du Mexique. James Carville, ex-conseiller de Bill Clinton a qualifié la réaction d'Obama de «nonchalante» puis en a rajouté, critiquant le Président d'être absent des lieux et de ne pas chercher à profiter de la crise politiquement en discréditant la dérèglementation de l'ère Bush qui aurait favorisé une telle catastrophe...

De son côté, le chroniqueur du NY Times, Thomas Friedman, affirme que la fuite de brut dans le Golfe du Mexique est «un 11 septembre écologique» pour Obama. Il critique le fait qu'Obama ne profite pas de la crise en cours pour agir et lancer une véritable politique de diminution de «notre dépendance au pétrole»...

Extraits : «Face à cette marée noire historique, une décision politique ambitieuse – en l’occurrence, un projet de loi pour nous aider à nous débarrasser de notre addiction au pétrole – ne pourrait avoir que des conséquences positives. Beaucoup de conservateurs appuieraient une taxe sur les émissions de CO2 ou sur l’essence si elle était contrebalancée par une baisse des charges sociales ou des impôts pesant sur les entreprises qui permettraient de créer de nouveaux emplois tout en luttant contre la pollution.

Pourquoi Obama reste-t-il sur la défensive ? Combien de pétrole se déversera dans le golfe du Mexique, combien d’espèces protégées seront décimées, combien de mosquées islamistes seront construites avec l’argent que nous coûte le pétrole pour former de nouveaux apprentis terroristes, comme celui de Times Square, avant que le président ait le courage d’affirmer qu’il va mettre fin à notre addiction au pétrole ? Barack Obama a pourtant réuni autour de lui une formidable équipe, qui pourrait l’aider à défendre un projet ambitieux. Citons son conseiller scientifique John Holdren, sa conseillère énergétique Carol Browner, ou encore son ministre de l’Energie Steven Chu, lauréat du prix Nobel. Mais tous ont été sous-utilisés par la Maison-Blanche».

Obama est déjà un président actif :
  • il a réussi à faire adopter une réforme historique en santé;
  • sa réforme de Wall street est en cours d'adoption;
  • il se lance dans une réforme de l'immigration à quelques mois de la campagne électorale de mi-mandat dans lesquelles 37 Sénateurs et 435 Représentants tombent en élection (donc le contrôle du Congrès - pouvoir législatif - pourrait passer aux mains des Républicains). En plus, le tiers des Gouverneurs des États tombe aussi en élection, et ceux-ci ont une forte incidence sur le processus électoral puisque les élections fédérales sont administrées par les États dans ce pays... Rappelez-vous les bulletins de vote douteux de la Floride ou de l'Ohio en 2000...
Ces trois enjeux sont courageusement menés par le Président puisqu'ils sont polarisés dans le débat public.

Mais Obama doit en faire encore plus aujourd'hui. Il devra être hyperactif et ouvrir un autre front, puisque la conjoncture (Machiavel dirait la fortuna) l'appelle à agir dans le domaine de la politique énergétique ! Ce virage est nécessaire, il est vital pour la survie de l'humanité. Et la crise de confiance envers l'industrie pétrolière qui sévit présentement représente une occasion pour amorcer ce virage.

La Grande Bretagne devance ses ex-colonies.

Le discours du Trône lu cette semaine par Elizabeth II (mais dans les faits rédigé par le premier ministre et ses conseillers) a annoncé deux grandes priorités : la lutte au déficit budgétaire (c'est le plus important ratio déficit-PIB de l'Union européenne - UE !) et la relance de l'économie.

Mais ce qui s'annonce intéressant concerne la réforme constitutionnelle arrachée par Nick Clegg aux conservateurs de Cameron :
  • Des élections à dates fixes aux 5 ans; le 1er ministre ne pourra plus manipuler autant le calendrier électoral à sa guise, soit il sera renversé par un vote de non-confiance, soit il se rendra à l'échéance déterminée dans le calendrier électoral.
  • Il y aura un référendum portant sur la réforme du mode de scrutin; les infos circulant sur ce sujet sont contradictoires, mais l'objectif visé par les Lib-dems de Clegg est d'introduire une plus grande dose de proportionnalité dans le système de vote majoritaire que le pays utilise (qui est aussi le nôtre). 
  • Les Lords (équivalent de notre Sénat au Canada) seront dorénavant élus;
  • Il y aura une procédure de Recall instaurée, permettant à la population de rappeler et de congédier un élu jugé corrompu; Cette procédure existe en Californie et en Colombie-Britannique.
  • Les nouvelles dévolutions de pouvoir vers Bruxelles (UE) ne seront possibles que si elles sont autorisées par référendum;
Ces changements sont significatifs et ils ont émergé uniquement grâce à la coalition gouvernementale héritée des dernières élections. Pendant ce temps, chez nous, notre 1er ministre méprise les institutions (le Parlement est à nouveau bafoué dans ses tentatives de contrôler l'activité gouvernementale) et cherche à réformer le Sénat sans procéder à des modifications constitutionnelles... La démocratie en Grande-Bretagne se porte mieux que dans son ex-colonie !

mardi 25 mai 2010

politique 101 - le discours du Trône.

Le discours du Trône est un autre moment fort du parlementarisme : il est lu par la Reine (ou le G-G au Canada), mais rédigé par le gouvernement et il annonce les principales orientations de la session parlementaire qui s'ouvre. Ce discours engage la responsabilité ministérielle, c-à-d qu'il doit recueillir l'appui d'une majorite de députés, sans quoi le gouvernement tombe.

Voir le diaporama suivant pour comprendre tout le cérémonial qu'il y a en Grande-Bretagne autour du Discours du Trône et de la supposée séparation des pouvoirs entre l'Exécutif (ici le Monarque) et le législatif (le Parlement).

dimanche 23 mai 2010

Journée nationale des Patriotes.

C'est la journée nationale des Patriotes ce lundi. Ce congé cherche à commémorer les revendications démocratiques des Patriotes, premiers à réclamer que le budget soit contrôlé par les élus du peuple et non par le Gouverneur et ses accolytes, nommés par Londres. Leurs revendications de liberté et de reconnaissance du fait canadien (les seuls Canadiens sont ceux qui parlent le français à l'époque, d'où le lien à faire avec notre équipe de hockey...) ont été fortement inspirées des idéaux républicains de la Révolution américaine de 1776. C'est pourquoi le Parti canadien deviendra le Parti patriote peu avant l'éclatement de la Rébellion, en ayant avec lui des appuis de toutes parts et de toutes origines... Les Papineau et Chénier étaient des intellectuels, d'abord modérés puis poussés vers le radicalisme par Londres...

Voir le lien suivant, pour en apprendre autour des Patriotes de 1837@1838.

samedi 22 mai 2010

Battre les intimidants Flyers.

Je haïs les Flyers de Philadelphie. Depuis toujours, ils m'intimident avec leur chandail orange et leur logo «vintage». De tous temps, leur équipe est associée à du hockey de garage, violent et mauvais joueur... Voir ce papier de Jean Dion pour vous en convaincre.

Les Flyers de ma jeunesse me faisaient peur. Ron Hextall était plus épeurant dans l'uniforme des Flyers que dans celui des Nordiques ! Mais j'ai confiance qu'avec l'équipe qu'on a, sa rapidité et sa capacité à faire de beaux jeux de passe, avec Halak, Cammalleri et Lapierre, avec tous nos éléments, on peut les battre. Bon match !

Je vous laisse avec ces images de Maxime Lapierre.

vendredi 21 mai 2010

2e grande victoire pour Obama.

Après l'adoption d'une réforme importante de l'assurance-santé, Barack Obama se dirige vers une 2e réalisation majeure en politique intérieure : sa réforme de Wall Street vient de recevoir l'appui d'une majorité de Sénateurs. Le projet de loi devra cette-fois être harmonisé entre les deux chambres du Congrès pour ensuite recueillir une majorité de votes à la Chambre des Représentants et au Sénat, avant l'imprimatur présentiel.

Si on synthétise le projet, que certains qualifient déjà de plus importante réforme du secteur financier depuis la grande crise des années 1930 (!) on remarque qu'il met fin aux sauvetages financiers assurés par des fonds publics; qu'il crée un organisme de protection du citoyen-investisseur au sein de la Banque centrale (la Fed); et enfin qu'il propose une régulation plus stricte du marché des produits dérivés, à l'origine de la crise de 2008-09, produits qui seraient maintenant commercialisés de façon plus transparente...

Il est à noter que le «nouveau» sénateur Républicain du Massachussetts, Scott Brown, a voté pour la réforme... Le mouvement Tea Party qui l'avait appuyé doit s'en mordre les doigts...

Charest renonce à son 75 000$

Jean Charest a accepté de renoncer à son 75 000$ annuel que lui payait le Parti libéral du Québec en surplus de son salaire de 1er ministre.

Il affirme le faire non pas parce qu'il considère qu'être payé par son parti peut soulever des questions éthiques, mais parce que l'opposition péquiste en faisait une condition pour rendre possible l'adoption consensuelle d'un projet de loi instaurant un Commissaire à l'éthique ainsi qu'un nouveau code d'éthique pour les élus. Jean Charest a même affirmé qu'il n'avait «jamais eu d'états-d'âme» à propos de cette pratique qui fait que le 1er ministre de tous les Québécois semble prioriser les intérêts de son parti et de ceux qui l'ont financé, au détriment de l'intérêt général... M. Charest a même dit que «cela relevait du privé» !

Jean Charest lit-il les journaux ? Habite-t-il quelque part dans sa tête au Québec ? Faut-il lui rappeler TOUTES les «affaires» révélées depuis deux ans dans les journaux ?
  • Il y a actuellement quatre (oups ! il y en a maintenant 6 en date du 26 mai 2010) enquêtes du Directeur général des élections directement reliées au financement illégal du Parti libéral. 
  • Le gouvernement a même été contraint de déclencher une enquête spéciale (l'opération marteau) et de nommer l'ex-chef de police Jacques Duchesneau à la tête d'une escouade spéciale, pour enquêter sur d'autres allégations qui touchent le financement illégal, la collusion et le népotisme dans l'octroi de contrats publics dans le domaine de la construction. 
  • La Commission Bastarache touche aussi directement à une allégation de trafic d'influence de la part des grands financiers du PLQ dans le processus de nomination des juges !
Et M. Charest n'a pas d'«états-d'âme» et considère que la chose «relève du privé»... Désinvolture irresponsable, Mépris ou imbécilité ?

jeudi 20 mai 2010

20 mai 1980.

Il y a 30 ans aujourd'hui se tenait le référendum sur la souveraineté-association, proposé par le gouvernement Lévesque. Il est peut-être important de rappeler la question :

« Le Gouvernement du Québec a fait connaître sa proposition d’en arriver, avec le reste du Canada, à une nouvelle entente fondée sur le principe de l’égalité des peuples ; cette entente permettrait au Québec d'acquérir le pouvoir exclusif de faire ses lois, de percevoir ses impôts et d’établir ses relations extérieures, ce qui est la souveraineté, et, en même temps, de maintenir avec le Canada une association économique comportant l’utilisation de la même monnaie ; aucun changement de statut politique résultant de ces négociations ne sera réalisé sans l'accord de la population lors d'un autre référendum; en conséquence, accordez-vous au Gouvernement du Québec le mandat de négocier l'entente proposée entre le Québec et le Canada? »

Plusieurs ont trouvé à l'époque que la question était longue et complexe. Personnellement, je persiste à croire que si on sait lire, elle est claire, plus claire même que la question de 1995, qui renvoyait à une entente du 12 juin dont il fallait avoir pris connaissance pour comprendre les différentes implications de la question.

Reste que si vous relisez la question (pour une question d'une telle importance, il n'est pas exagéré de devoir la lire plusieurs fois...), vous remarquerez peut-être que l'étapisme de Lévesque était exigeant :
  1. Se faire élire en proposant aux Québécois un bon gouvernement (ce que le PQ de 1976 a fait, presque tous s'entendent pour le dire...);
  2. Faire un 1er référendum qui enclencherait, si le OUI l'emporte, un processus de négociation avec le Canada qui mènerait à un second référendum sur le résultat des négociations...
Il est vrai que ce processus était ardu et complexe, mais René Lévesque n'a jamais pris sa population pour des caves (contrairement à d'autres...) et son sens de la démocratie l'amenait à croire que les grandes questions politiques doivent être tranchées par référendum, là où chaque vote compte également.

Nostalgie ? Peut-être. Car l'exigence de René Lévesque sur les plans intellectuels et politiques est rarement observable aujourd'hui. Je la constate personnellement chez Barack Obama, chez qui on retrouve cette espèce de confiance dans l'intelligence du peuple et ce courage politique si loin de la gouverne de Jean Charest...

P.S. En évoquant Lévesque, on se rappelle aussi comment il a réussit à l'époque à mettre fin au financement occulte des partis politiques... et comment ce travail est à refaire aujourd'hui !

politique 101 - la responsabilité ministérielle.

Suite du cours politique 101
Responsabilité ministérielle ou principe du gouvernement responsable :

Principe au coeur du fonctionnement du système parlementaire, la responsabilité ministérielle (ou le principe du gouvernement responsable qui l'englobe) repose sur le fait que le 1er ministre et ses ministres peuvent gouverner tant qu'ils bénéficient de la confiance (de l'appui) d'une majorité de députés au Parlement.  

Ex: à Ottawa, c'est la Chambre des communes qui peut faire tomber le gouvernement; à Québec il n'y a qu'une chambre à l'Assemblée nationale et le gouvernement doit avoir l'appui d'une majorité de députés pour pouvoir gouverner jusqu'à l'échéance électorale.

Les implications de ce principe sont débattues parmi les politologues et les experts en droit constitutionnel, puisque ce principe repose en grande partie sur des conventions constitutionnelles, c-à-d des règles non-écrites mais respectées depuis des temps immémoriaux. Les conventions qui nous régissent reposent aussi sur la pratique et les expériences antérieures. À ce sujet, les principes de Lascelles (Private secretary du Roi George VI), rédigés sous un pseudonyme dans le Times de Londres en 1950, servent encore aujourd'hui à définir les paramètres de la responsabilité ministérielle. Le Monarque doit prendre en compte les conditions suivantes avant d'accepter ou de refuser au 1er ministre la «dissolution (déclenchement des élections) ou la prorogation (suspension des travaux) du Parlement»:
• La composition du Parlement faisait en sorte qu'il était viable et que ses travaux pouvaient continuer;
• Le déclenchement d'une élection générale serait nuisible à l'économie nationale;
• Un autre 1er ministre pourrait réussir à former une majorité parlementaire stable pour une période de temps jugée raisonnable;
2008 : projet de coalition gouvernementale PLC-NPD appuyé par le Bloc.
À la lumière de ces principes, je me suis grandement inquiété de la crise de l'automne 2008 au Canada parce que Michaëlle Jean a selon moi mal compris LE principe qui nous régit.

Peter Milliken, le président de la Chambre des Communes, a beaucoup mieux saisi l'essence du parlementarisme lorsqu'il a réaffirmé la souveraineté du Parlement en mai 2010, dans le dossier des détenus afghans torturés..

politique 101 - les régimes parlementaires.

Nous avons vu ce qu'est un régime politique. Définissons maintenant les régimes parlementaires : ces régimes sont plus ou moins inspirés du modèle britannique et ils fonctionnent tous avec une certaine «collaboration des pouvoirs» exécutifs et législatifs.

Ceci veut dire que la population élit ses réprésentants - députés - au parlement (pouvoir législatif) et que la composition du gouvernement (exécutif) sera déterminée en fonction du résultat des élections législatives. Le principe-guide de tout régime parlementaire repose sur le fait que le gouvernement doit bénéficier de la confiance (de l'appui) d'une majorité de députés pour pouvoir gouverner.
Le débat sur les langues - Charles Huot (peintre - 1913).
Nous venons de décrire le principe du gouvernement responsable. En Grande-Bretagne, au Canada, au Québec, en Nouvelle-Zélande, en Australie, le régime parlementaire est «arbitré» par un Monarque ou par son représentant. Le rôle du Monarque (ou du Gouverneur-général pour le Canada ou encore du Lieutenant-gouverneur pour une province comme le Québec) est généralement symbolique, mais il peut, en cas de crise ou d'impasse politique, devenir le véritable arbitre du système et contribuer à déterminer qui formera le gouvernement.

Parenthèse : (Nous l'avons vu en 2008 lorsque le gouvernement Harper était sur le point de tomber et qu'une coalition composée des Libéraux et du NPD appuyée par le Bloc cherchait à le remplacer... Pour la petite histoire, cliquez ici).

Dans un régime parlementaire, le gouvernement est donc issu du parlement et il détient soit la majorité, soit il est capable de recueillir l'appui d'une majorité de députés sur les «questions de confiance». Ex: le budget doit absolument recevoir l'appui d'une majorité de députés puisqu'il comprend l'ensemble des ressources financières allouées aux différents ministères sur l'année : si une majorité d'élus du peuple refuse le budget, ce sont les principales orientations du gouvernement qui sont rejetées. Cela entraîne la démission du gouvernement puisque ses grandes orientations sont rejetées par une majorité d'élus du peuple...

Les différents régimes parlementaires de par le monde ont établis par la pratique et leurs règles constitutionnelles respectives quelles sont les questions qui doivent absolument bénéficier de la confiance du parlement. Et dans presque tous les régimes parlementaires, il suffit qu'une motion de non-confiance soit adoptée à majorité pour que le gouvernement doive démissionner et déclencher les élections ou encore céder le pouvoir à une nouvelle opposition, capable de recueillir l'appui d'une majorité de députés du parlement.

On comprend donc ici que tous les régimes parlementaires ont besoin d'un arbitre des institutions. Ce sera le Chef d'État : en Monarchie comme en Grande-Bretagne, au Canada ou en Belgique, ce sont les Rois ou Reines qui doivent arbitrer et déterminer quel parti ou quelle coalition est la mieux à même de gouverner. Dans les Républiques à régimes parlementaires, ce sont généralement des Présidents élus par les députés du Parlement. C'est le cas en Allemagne et en Israël par exemple.

Résumons : les régimes parlementaires sont basés sur la «suprématie du parlement», c-à-d que le gouvernement émane du parlement et est généralement composé d'un parti (ou d'une coalition de partis) capable de recueillir l'appui d'une majorité en chambre sur les orientations fondamentales du gouvernement (c'est ce qui vient de se passer en Grande-Bretagne). Les gouvernements en régime parlementaire tombent lorsqu'ils perdent l'appui de cette majorité. S'ils parviennent à se maintenir, ils devront «dissoudre le parlement» et déclencher des élections au terme de l'échéance normale, soit 4 ou 5 ans.

Enfin, il est peut-être important de rappeler que la majorité des démocraties dans le monde fonctionne à partir des principes du parlementarisme. Et il y a une multitude d'aménagements possibles à l'intérieur des principes directeurs ci-haut définis... La Suède, la Norvège, la Finlande, le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Grèce, l'Inde et Israël sont d'autres exemples de pays fonctionnant sur les bases du parlementarisme.

mercredi 19 mai 2010

La France et l'interdiction du voile intégral.

Le conseil des ministres du gouvernement français vient de franchir un pas de plus vers l'interdiction totale du voile intégral (la burqa ou le niqab) dans l'espace public. J'avoue que cette décision me surprend ! Le Conseil d'État, sorte de tribunal administratif français a émis un avis juridique qui suggérait qu'une telle interdiction pourrait être déclarée abusive par les tribunaux français ou européens. Mais le gouvernement Sarkozy semble y tenir. On peut y voir une autre de ces tactiques de M. Sarkozy pour grappiner des votes au Front National, le parti de l'extrême-droite française, mais on peut y voir aussi une volonté ferme d'établir clairement ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas au sein de la République.
Femme portant le niqab
Le projet de loi sur l'interdiction du voile intégral est débattu depuis plusieurs mois en France et il pourrait être adopté d'ici l'automne, mais on sait qu'il implique aussi, en plus d'une amende de 150 euros pour celles qui porteraient un voile intégral, une amende de 15 000 euros et une peine d'un an de prison pour toute personne jugée coupable d'incitation au port du voile intégral...

Je me demande personnellement si cette décision n'embrasse pas trop fort le principe du refus de l'intégrisme et si elle ne risque pas d'embraser justement les esprits déjà échauffés de l'islamisme (cette idéologie radicale qui discrédite la religion musulmane) et de l'islamophobie (ce nouveau visage du racisme que l'on voit poindre partout en occident, particulièrement depuis un certain 11 septembre...)

Le débat sur l'interdiction de la burqa ou du niqab avait il me semble fait émerger une distinction entre espace public (les rues, les parcs, etc.) et espace civique (les différents endroits au sein duquel l'individu est appelé à entrer en contact avec autrui : commerces, transports en commun, services de l'État). Une interdiction du voile intégral dans l'espace civique m'apparaît plus mesurée, quoique peut-être plus complexe à appliquer...

De notre côté, le Québec est sur le point d'adopter la loi 94, qui obligerait une femme portant le voile intégral à se dévoiler lorsqu'elle donne ou reçoit un service de l'État (Assurance-maladie, permis de conduire, hôpitaux publics, écoles publiques, etc.)

Et vous ? Où vous situez-vous dans ce débat ?

La commission Bastarache en arrache.

L'avocat Pierre Cimon a démissionné de son poste de Procureur principal de la Commission Bastarache, chargée d'enquêter sur les accusations de trafic d'influence concernant le processus de nomination des juges au Québec. La crédibilité et l'indépendance de M. Cimon était mise en doute par l'oppostion puisqu'il est un contributeur régulier à la caisse du Parti libéral du Québec (PLQ) depuis plus de 20 ans. Je ne doute pas du professionnalisme de M. Cimon, mais il me semble que l'ex-juge Bastarache a manqué de jugement en choisissant un contributeur au PLQ pour enquêter sur les liens qu'il peut y avoir entre le trafic d'influence et le financement du parti...

On se rappellera que la commission Bastarache a été déclenchée en catastrophe par le 1er ministre Charest suite aux allégations faites par l'ex-ministre de la Justice Marc Bellemare, qui affirmait que les grands contributeurs à la caisse du Parti libéral du Québec avaient leur mot à dire en ce qui concerne le choix des juges des différents tribunaux...
Si vous ajoutez à cette accusation grave toutes les allusions, enquêtes et tous les lapsus commis par différents ministres du gouvernement Charest concernant le financement du Parti libéral, on comprend pourquoi Pauline Marois a convoqué la presse aujourd'hui pour réclamer, conjointement avec Amir Khadir et les ex-adéquistes Éric Caire et Marc Picard, une enquête publique sur le financement de tous les partis et sur l'industrie de la construction.

Est-il nécessaire de rappeler ici que la crédibilité du système de justice est fondée sur la nécessité d'un traitement juste et équitable, mais aussi sur l'apparence de justice et d'équité ? Il y a des choses que M. Charest ne veut ni voir ni entendre...

mardi 18 mai 2010

Avortement - le retour d'un débat.

La Cardinal Marc Ouellet a déclenché toute une polémique cette semaine en déclarant que l'avortement était un crime inacceptable, même après un viol. Ces propos rappellent ce cas d'horreur au Brésil où un Évêque de l'Église catholique avait excommunié la mère et les médecins d'une fille violée par son beau-père en déclarant que le viol était un péché moins grave que l'avortement !

Il est évident que ce discours est rétrograde et dépourvu de toute compassion et de tout sens des responsabilités. Et le contexte dans lequel ce débat réapparaît illustre que le droit à l'avortement n'est pas un acquis permanent : le gouvernement Harper vient de mettre fin aux programmes en santé maternelle pour les pays du tiers-monde si ceux-ci incluaient l'avortement dans les options possibles...  Un projet de loi déposé par un député conservateur en 2009 cherchait à donner un statut juridique au foetus, de façon à criminaliser «par la bande» le recours ou l'incitation à l'avortement... Ce projet est mort au feuilleton lors de la dernière prorogation du parlement.

Enfin, il est clair que les propos fondamentalistes du Cardinal Ouellet se retournent aujourd'hui contre son Église et contre lui-même : lisez cette chronique de Patrick Lagacé et vous verrez comment le radicalisme peut générer de la hargne ! Lagacé y souligne le fait que le frère du Cardinal est impliqué dans diverses accusations d'agressions sexuelles sur des mineures. J'ai personnellement connu Paul Ouellet, artiste autrefois respecté en Abitibi et j'ai été secoué et quelque peu traumatisé par les accusations soulevées... Comme quoi derrière un individu chaleureux et charismatique, on peut trouver une bête infâme et rapace !  Le Cardinal Ouellet lui, révèle sa vraie nature plus spontanément : et ce qu'on y découvre n'est pas très beau !

lundi 17 mai 2010

politique 101 - les régimes politiques (1)

Comme me l'a demandé mon ami Alain, j'inaugure ici une série de chroniques (politique 101) qui introduisent aux notions fondamentales de la science politique.
La déclaration d'indépendance des USA
On commence avec les régimes politiques :
Cette notion comprend les règles fondamentales du système, ce qu'on appelle aussi les règles constitutionnelles. Comprendre notre régime politique nous permet de répondre à ces questions : Comment se prennent les décisions avant qu'elles n'aient force de loi ? Comment se font élire nos représentants ? Quelles sont les règles qui président à l'organisation des différents pouvoirs de l'État :
  • Le pouvoir exécutif (les gouvernements) qui a pour tâche de déterminer les grandes orientations de l'État (on fait la paix ou la guerre ? on baisse ou on augmente les taxes et les impôts ? on reconstruit l'échangeur Turcot ou on privilégie une solution axée sur les transports en commun ? etc.)
  • Le pouvoir législatif qui a pour principale fonction de légiférer, c-à-d d'adopter, de refuser ou de modifier les orientations proposées par l'exécutif. Le législatif (les parlements) a aussi pour tâche d'exercer le contrôle et la surveillance de l'activité gouvernementale (si vous avez déjà regardé la période de question à Québec ou Ottawa, c'est à ça que ça sert : exercer un contrôle sur l'activité gouvernementale...)
  • Le pouvoir judiciaire qui a généralement pour tâche de veiller au respect des lois et de sanctionner ceux qui l'enfreignent. Les tribunaux ont aussi pour tâche d'interpréter nos règles constitutionnelles, qui sont en fait le fondement même de notre régime politique. 
Ce sont essentiellement les différents rapports entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire qui distinguent les régimes parlementaires des régimes présidentiels.

Alors que ce sont les rapports entretenus entre l'Autorité politique et la société civile qui distinguent les régimes autoritaires (ou pire, totalitaires) des régimes démocratiques.

vendredi 14 mai 2010

2 suggestions.

Deux petites suggestions de lecture :
  1. Un compte-rendu du dernier ouvrage écrit sur Barack Obama, qui propose un bilan de sa 1ère année au pouvoir.
  2. Un article qui interroge Guy Rocher sur la nécessité pour le Québec de construire une culture commune rassembleuse...

jeudi 13 mai 2010

Ça sent la coupe... mais prenez garde !

P.K. Subban
Ha, la victoire d'hier m'a fait pensé à 1993, à une époque pas si lointaine où le CH avait un réel esprit d'équipe et un goaler du tonnerre qui lui a permis de gagner le Grand Trophée ! Je dirais même que le hockey joué par le Canadien cette année est bien plus spectaculaire que celui de 1993. Les buts de Cammalleri, Gionta ou Lapierre n'ont absolument rien à envier à ceux des Damphousse, Muller et Brunet de l'époque...

Mais ce petit retour vers notre dernière conquête de la coupe est là pour vous rappeler qu'en 1993, pendant que les Québécois célébraient, le gouvernement fédéral en profitait pour lancer la réforme Axworthy et les coupes draconniennes dans les transferts aux provinces ! (Merci à mon ami T qui l'a remarqué le 1er.)

Restez vigilants : on ne sait jamais ce que peuvent nous comploter Jean Charest et Stephen Harper... et leurs affinités sont plus grandes qu'elles n'apparaissent.

mercredi 12 mai 2010

Élections britanniques: à propos du deal...

Voici les grandes lignes du DEAL négocié entre le Parti conservateur de David Cameron et le Parti libéral-démocrate de Nick Clegg. Rappelons que le prochain gouvernement britannique sera composé d'une coalition impliquant ces deux partis, une première en presque 70 ans...

Le 1er ministre Cameron sera assisté par un «deputy Prime minister» en la personne de Nick Clegg (il sera en quelque sorte son vice-1er ministre). Quatre autres députés Lib-dems siégeront au Cabinet, dont le ministre de l'environnement. Mais le plus intéressant concerne les concessions faites par les Torys de Cameron pour réussir à rassembler une majorité de députés:
  • Il y aura un référendum sur la réforme du mode de scrutin (le modèle proposé sera semble-t-il le Alternative vote system). Il s'agit en fait pour l'électeur d'établir une préférence -1,2,3,4,5, etc. entre les différents candidats en lice dans sa circonscription. Le but est d'éliminer les candidats ayant le moins de préférence 1 et de comptabiliser leurs 2e choix, ainsi de suite, jusqu'à ce que l'élu de la circonscription recueille 50%+1 des voix...  Ce système n'est pas proportionnel, mais il cherche à corriger une des faiblesses du système britannique (qui est aussi notre système: majoritaire uninominal à un tour) qui fait que le député élu a souvent recueilli moins de 50% du vote de ses concitoyens :
    • Candidat A : 42%
    • Candidat B : 41%
    • Candidat C : 10%
    • Candidat D : 6%
  • A est élu, mais B+C+D = 57%. Si on permet à l'électeur d'établir une préférence, on s'assure au moins que l'élu ne déplait pas outrancièrement à la majorité...
  • L'entente prévoit également l'établissement d'élections à date fixe, aux 5 ans;
  • Un gouvernement pourrait toutefois tomber s'il est battu par un vote de confiance recueillant 55% du vote en Chambre;
  • Les députés corrompus pourront être révoqués (on appelle cette mesure le Recall, elle existe en Colombie-Britannique et en Californie);
  • Une diminution du nombre de députés et des circonscriptions de tailles démographiques équivalentes sont également projetées.
  • etc.
Il semble donc que Nick Clegg ait réussit à placer ses pions de façon efficace et qu'il ait même augmenté son levier de négociation en frimant une ouverture de dialogue avec les travaillistes... (Je demeure toutefois déçu que les Lib-dems ne se soient pas battus pour un scrutin proportionnel, qui tend à donner à chaque parti le % de siège correspondant à son appui populaire réel dans l'électorat. Ex: 10% du vote = 10% des sièges au Parlement).

Les changements annoncés sont tout de même significatifs. Reste maintenant à voir quelle sera la durée de ce gouvernement atypique. Les ambitions sont grandes : 5 ans ! Les paris sont ouverts...

La zone euro réagit.

Je vous parlais de ce «balai des spéculateurs» qui cherchait à profiter de la crise grecque pour affaiblir d'autres économies nationales de l'espace européen. La Banque centrale européenne (BCE) a répondu à la méfiance des marchés financiers et des firmes de cotation de crédit qui doutent de la capacité de la Grèce, puis de l'Italie, de l'Espagne et du Portugal à rembourser leur dette ou à assainir leurs finances publiques...

La BCE vient en effet de créer un «mécanisme communautaire» de plus de 750 milliards d'Euros, mécanisme complexe qui fait que la France et l'Allemagne par exemple, vont favoriser pour les pays débiteurs ci-haut mentionnés des taux d'intérêts plus faibles que s'ils n'émettaient eux-mêmes leurs propres obligations. En bref, il s'agit d'aider les pays en difficulté à se sortir de la spirale de l'endettement.

Plusieurs analystes pensent que financer les dettes publiques de pays lourdement endettés est risqué, mais les effets de contagion de la crise grecque devaient être freinés et la BCE a répondu promptement et stratégiquement :  On ne connait pas le montant des titres qu'elle cherchera à acquérir et ces mesures de «sécurisation» sont prises de façon à diminuer la pression inflationniste que pourrait créer une augmentation subite de la masse monétaire. La BCE privilégiera donc la vente de certains titres qu'elle détient pour financer l'achat d'obligations des pays visés par cette crise de confiance...

Je reviens toutefois sur le côté mesquin et absurde de toute cette crise : les spéculateurs qui ont attaqué la zone euro (banques, firmes de cotation de crédits, riches investisseurs, etc.) sont grandement responsables de la crise économique et financière de 2008-10 puisqu'ils ont créé des produits financiers louches fondés sur des «actifs» qui n'en étaient pas; et les firmes de cotation de crédit ont été complaisantes ou irresponsables en laissant ces produits toxiques envahir les marchés boursiers; et certains riches investisseurs ont fait fortune en vendant ces produits sans valeurs à plusieurs investisseurs institutionnels - ex: notre Caisse de dépôts et de placement du Québec.

Pensez aux Papiers commerciaux adossés à des actifs: ces pseudos-actifs étaient en fait des titres de dettes de consommation (télévisions, spas, 2e voiture...) d'individus et de ménages surendettés... Ils ne valaient plus rien au moment où la crise a éclaté. Or, ces spéculateurs que je dénonce ont été les 1ers bénéficiaires des mesures de sauvetage créées par les États au moment de la crise en 2008-09. Ils sont les 1ers aujourd'hui à faire pression sur les États pour que ceux-ci adoptent des mesures d'austérité budgétaire, c-à-d coupent dans leurs dépenses. Hypocrisie, cupidité et irresponsabilité.

Il est grand temps de rendre notre système économique plus transparent et mieux encadré par des règles communes... On s'en reparle !

mardi 11 mai 2010

David Cameron, 1er ministre.

Après un suspense de plusieurs jours, les élections britanniques débouchent sur une coalition Tory-Lib-dems ! Les Conservateurs de David Cameron gouverneront en coalition avec les Libéraux-démocrates de Nick Clegg.

Les discussions étaient enflâmmées parmi les analystes politiques britanniques, ceux-ci débattaient des différentes options qui se se posaient après l'élection de ce que les Brits appellent un «hung parliament» (un parlement suspendu, c-à-d un Parlement dont aucun parti ne détient une majorité de sièges).

Quelles étaient ces options possibles ?
  • Un gouvernement Conservateur minoritaire, comme c'est le cas chez nous depuis 2006.
  • Une coalition Conservateurs-Lib-dems; C'est cette option qui semble avoir débouché. Les 2 partis ensemble rassemblent 363 sièges - ça en prend 326 pour être majoritaire. 
  • Une alliance ou une coalition entre le Labour et les Lib-dems était envisageable, surtout depuis la démission du 1er ministre sortant Gordon Brown comme chef de ce parti. Cette coalition devenait plausible devant les rumeurs d'échec des négos entre Conservateurs et Lib-dems;
Je lis sur «le deal» et je vous reviens plus tard...

Elena Kagan à la Cour Suprême des USA.

Barack Obama a décidé de nommer une autre femme (après Sonya Sotomayor) à la Cour Suprême, suite au départ annoncé de John Paul Stevens. Elena Kagan est l'actuelle avocate de la Maison-Blanche (Sollicitor General) et elle fût doyenne de la faculté de droit de Harvard. Lorsqu'elle occupait ce poste, mme Kagan a interdit à l'armée américaine de venir recruter sur le campus parce qu'elle jugeait la règle du «don't ask, don't tell» discriminatoire. Cette règle fait en sorte que l'homosexualité avouée est interdite au sein de l'armée états-unienne...

Barack Obama a promis lors de sa campagne présidentielle d'abolir ce règlement et de permettre aux homosexuels de vivre ouvertement leur orientation au sein de l'armée. Il a d'ailleurs été chahuté récemment en Californie pour ne pas avoir rempli sa promesse à ce jour...

La nomination de mme Kagan contentera sûrement les militants des droits des homosexuels puisque cette dernière (en plus d'être «accusée» d'être lesbienne par les divers courants de la droite) en a fait un de ses combats les plus visibles au cours de sa carrière.

Reste à voir si le Sénat approuvera le choix du Président : 51 Sénateurs sur 100 doivent voter en faveur,  après «l'audition» et le questionnaire serré que subira mme Kagan...

Pour connaître l'actuelle composition de la Cour Suprême américaine, cliquez ici.

lundi 10 mai 2010

Une équipe, une bonne équipe.

Je vais dire comme mon fils, Raphaël: «on a une équipe, une bonne équipe» ! Encore ce soir, malgré un arbitrage douteux, le CH s'accroche à la victoire. Et je maintiens ma prédiciton : le Canadien en 7 !

samedi 8 mai 2010

Project Hope.

Ces photos font partie d'une exposition qui a lieu du 1er au 30 mai au Café Le Placart, 2129 Mt-Royal-est.

Il s'agit en fait d'un projet lancé par un photographe montréalais, Valerian Mazataud, qui a donné une caméra à des Palestiniens pour qu'ils laissent aller leur créativité sur le thème de l'identité.

Ça s'appelle Project Hope.

vendredi 7 mai 2010

L'Europe dans le vortex grec.

La crise grecque occasionnée par une lourde dette publique, elle-même engendrée par des déficits budgétaires incontrôlés, le tout caché par des produits financiers complexes et obscurs, débouche depuis peu sur une crise sociale et politique qui a déjà causé beaucoup de tapage (et au moins trois morts...).

Maintenant, les firmes de cotation de crédit s'attaquent à l'Espagne, au Portugal et à l'Italie, menaçant ces pays d'une décote s'ils ne présentent pas des politiques d'austérité budgétaire crédibles aux yeux des marchés...

Il y a quelque chose de malsain dans ce «ballet des spéculateurs» qui frappent d'abord sur les maillons faibles de l'Europe alors que ces mêmes firmes, banques, investisseurs, qui attaquent aujourd'hui la zone Euro, sont ceux qui ont travaillé à faire éclater notre économie ces derniers mois et qui ont bénéficié de l'aide des États à la première occasion... L'Union européenne cherche des pistes d'action pour sécuriser sa monnaie et redonner confiance aux investisseurs et créanciers internationaux, pour ne pas faire augmenter indument le loyer de l'argent (les taux d'intérêts des pays emprunteurs) ou trop dévaloriser l'Euro...

Mais encore une fois, c'est vers une politique de «rigueur budgétaire» que les pays tendront, ce qui implique des coupures dans les programmes sociaux et rarement de nouvelles taxes dirigées vers «ces Corporate welfare bums» qui ont généré la crise, se sont faits sauvés par l'État, et exigent ensuite des coupures pour remédier aux déficits budgétaires !

Élections britanniques, le suspense continue.

Le chef Libéral-démocrate, Nick Clegg
Les résultats préliminaires des élections britanniques donnent le Parti conservateur (Tory) de David Cameron en tête, mais minoritaire. Pour détenir la majorité en Grande-Bretagne, un parti doit gagner dans 326 circonscriptions électorales, les Tory semblent en avoir gagné 310 (le décompte n'est pas terminé !). Reste que ces résultats font en sorte qu'on ne sait pas encore qui sera le prochain 1er ministre puisque les règles du système favorisent la continuité plutôt que la rupture dans la gouverne politique. Ceci veut dire que le Parti travailliste de Gordon Brown pourrait être appelé à former une coalition avec les Lib-dem de Nick Clegg.

Les discours post-électoraux d'hier ont démontré qu'un bras de fer est engagé entre Cameron et Brown, chacun se croyant légitime de revendiquer le pouvoir. La Reine sera l'arbitre de ce jeu de pouvoir et les conventions constitutionnelles qui régissent le parlementarisme britannique disent que son choix devrait être guidé par le principe de la stabilité : quel parti est le mieux à même d'obtenir l'appui (la confiance) d'une majorité de députés à la Chambre des Communes, voilà la question ! On comprend que Nick Clegg détient alors un poids significatif dans les négociations qui s'amorcent. Clegg a affirmé que tout appui à un parti de sa part est conditionnel à un référendum sur l'adoption d'un mode de scrutin proportionnel. À suivre...

Tony Tomassi...

Le ministre de la famille (allégorie mafieuse ?) Tony Tomassi a été démis de ses fonctions hier par Jean Charest, qui lui accordait pourtant toute sa confiance il y a à peine deux jours !

M. Tomassi est talonné par le député de Gouin, Nicolas Girard, depuis plusieurs mois à propos de liens, disons troublants, entre l'octroi des places en garderies et les dons faits au Parti libéral du Québec... M.Charest nous assure depuis hier que les raisons de la démission forcée de son ministre relèvent du fait qu'il a utilisé une carte de crédit de compagnie ayant contribuée au Parti libéral... Il refuse de lier les autres allégations de corruption et de trafic d'influence au départ de M. Tomassi. Jean Charest continue de nous prendre pour des caves ! Et on peut penser que l'histoire de cette carte de crédit tombait bien, elle permettait à M. Charest de démettre un ministre perçu comme incompétent et malhonnête.

Anecdote : Paul Arcand (ainsi qu'Infoman) a révélé que les compagnies de la famille de Tony Tomassi avaient le même nom que celles de la famille Corleone dans le Parrain. Ça ne s'invente pas !

Pour ceux qui n'ont jamais entendu Tony Tomassi se débattre, consultez les «tomasseries» soulevées par Antoine Robitaille, du journal Le Devoir.

jeudi 6 mai 2010

Ahmadinejad, le polémiste fou.

Le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad a accordé une entrevue à ABC dans la foulée du sommet onusien sur la prolifération nucléaire cette semaine. L'extrait qui suit démontre un peu le type de personnage qu'il est : il critique Hillary Clinton tout en cherchant à ménager le Président Obama; il demeure ambigu sur le sort qu'il réserverait à Ben Laden si celui-ci cherchait à se cacher sur le sol iranien... Et à ce sujet, il affirme que Ben Laden se cache sans doute à Washington et non au Proche ou au Moyen-Orient !

Bien sûr, l'accusation est absurde, mais ce qui la sous-tend n'est pas complètement débile, à savoir qu'il y a historiquement beaucoup plus de liens entre les USA et Ben Laden qu'il n'y en a entre l'Iran et Ben Laden... En effet, Ossama Ben Laden a été recruté par la CIA dans les années 1980 pour rassembler les «moudjahidines» (Ronald Reagan les appelaient les «combattants de la liberté») de façon à sortir l'occupant soviétique d'Afghanistan. Et dans les années 1990, la famille Ben Laden a littéralement sauvé W. Bush de la faillite. Les liens entre les Bush et les Ben Laden sont donc plus serrés qu'entre Ben Laden et l'Iran, d'autant plus que l'islamisme de Ben Laden exècre le chiisme (courant minoritaire de l'islam, mais majoritaire en Iran).

Ahmadinejad dit donc des bêtises, mais il rappelle par le fait même l'hypocrisie et l'aveuglement d'une certaine élite politique américaine à l'égard de l'islamisme radical et plus particulièrement à l'endroit de Ben Laden...

La saine colère de Luc Ferrandez...

Le Maire de l'arrondissement du Plateau, Luc Ferrandez, élu sous la bannière de Projet Montréal, est un homme politique atypique:

- Il tient son propre blogue;
- il cherche à innover, tout en consultant (il a proposé pour l'hiver qui vient de passer de privilégier le déneigement des trottoirs, mais a organisé un «sommet sur le déneigement» pour consulter la population de son quartier et expliquer sa démarche);
- il lance cet été l'initiative de verdir les parcs et de renouveler l'équipement récréatif (glissades, etc.);
- il a gardé son franc-parler: on a d'ailleurs pu lire la semaine dernière qu'il a traité les fonctionnaires du Ministère des transports du Québec d'«attardés sociaux», en parlant du conflit qui oppose la ville au Ministère à propos du projet de l'échangeur-Turcot.

On pourrait critiquer ce ton méprisant, mais on pourrait aussi féliciter ces saines colères qui doivent exprimer notre exaspération et notre lassitude devant la lâcheté, la corruption, l'arrogance et l'irresponsabilité de notre gouvernement en ce qui concerne sa politique en matière de transport !

Le gouvernement Charest poursuit la construction d’infrastructures autoroutières inhospitalières aux alternatives plus prometteuses sur les plans économiques, urbanistiques et écologiques : autoroute Notre-Dame, Pont de la 25, échangeur-Turcot, etc. Alors qu'un réseau de transports en commun efficaces est jugé plus structurant sur le plan du développement économique.

L’exemple allemand est à ce sujet révélateur. Depuis 1998, l’Allemagne a amorcé un virage vert significatif qui fait que ce pays a aujourd’hui largement dépassé ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre. Et ce faisant, l'Allemagne est aujourd’hui le 1er exportateur de technologies vertes (éolien, solaire, etc.) ainsi qu’un modèle en terme de développement urbain. Dans un pays comme l’Allemagne, où les autoroutes sont glorifiées et où l’industrie automobile demeure un fleuron, on est passé à la valorisation et au développement du transport collectif efficace dans toutes les villes. Les Allemands auraient donc compris ce qu’est la responsabilité : celle-ci implique qu’il faut être conséquent avec son discours et obtenir des résultats tangibles lorsqu’on se fixe des objectifs (Kyoto).

Pendant ce temps, au Québec, où le principal fleuron de notre économie demeure Bombardier (expertise internationale reconnue en matière de transports collectifs), nous construisons des autoroutes partout sur notre territoire et nous renonçons à proposer des projets qui feraient une place de choix aux transports collectifs efficaces pour accéder et se transporter en milieux urbains.

Bravo à Luc Ferrandez parce qu'il ose dénoncer haut et fort ces «attardés sociaux» qui nous gouvernent !

mercredi 5 mai 2010

Après 13 ans du Labour...

Le Labour (Parti travailliste britannique) a gouverné la Grande-Bretagne ces 13 dernières années. Quel est le bilan ? En politique intérieure, je dirais qu'il est globalement positif : les écoles publiques sont en meilleure posture, les hôpitaux aussi (semble-t-il...)... À propos de la crise économique et financière, la gestion de la crise par Gordon Brown a été saluée presqu'unanimement, mais on accuse les travaillistes d'avoir contribué à créer les conditions de la crise en dérèglementant les marchés financiers...
Tony Blair et Gordon Brown, le duo des 15 dernières années en Grande-Bretagne.
Mais surtout, la Grande-Bretagne a amorcé une réforme institutionnelle courageuse qui a fait émerger des Parlements régionaux en Irlande du Nord (le grand héritage de Tony Blair concerne justement les Accords du Vendredi Saint de 1998 qui ont mis fin à des décennies de violence et débouché sur un processus politique fondé sur le partage du pouvoir entre catholiques et protestants), en Écosse et au Pays de Galles.

En politique étrangère, le bilan est plutôt négatif puisque l'appui à la guerre d'Irak par le gouvernement Blair a terni l'image du pays en plus de contribuer à affaiblir le Parti travailliste sur la scène intérieure. Nick Clegg du Parti libéral-démocrate en est le principal bénéficiaire...

D'ailleurs, en attendant le résultat des élections de demain, on peut penser que notre ancienne «mère-patrie» est en train de se transformer de l'intérieur de façon telle que le Canada aura l'air d'un pays sclérosé :
  • Nick Clegg a réussi à faire en sorte que la réforme du mode de scrutin soit perçue comme une nécessité; il en a même fait une condition pour se joindre à toute coalition gouvernementale...
  • La réforme institutionnelle évoquée plus haut est en train de «fédéraliser» la Grande-Bretagne (qui n'a en passant aucune difficulté à reconnaître l'Écosse comme nation), pendant que le Canada travaille tranquillement mais sûrement à marginaliser le Québec...

Suspense in the U.K. !

Les élections en Grande-Bretagne ont lieu demain. Si on se fie aux sondages (il faut toutefois s'en méfier...), le match à trois semble se perpétuer, quoique le Parti travailliste de Gordon Brown (au pouvoir depuis 1997) semble en difficulté suite à la gaffe du 1er ministre, qui a qualifié une électrice de Bigoted (comment traduire... bigote ?) après que celle-ci se soit plainte du laxisme de son gouvernement en matière d'immigration... Le 1er ministre Brown est alors apparu comme hypocrite et déconnecté des préoccupations de la population.
G. Brown, D. Cameron, N. Clegg
Avec un mode de scrutin «majoritaire» uninominal à un tour (comme chez nous) et des batailles à trois dans plusieurs circonscriptions, l'élection britannique de cette année est une véritable boîte à surprise. Il est même possible selon certains analystes que les travaillistes de Brown soient reportés au pouvoir - minoritaires - avec moins de 30% du vote !

Chose certaine, Nick Clegg et son Parti libéral démocrate ont bousculé tous les pronostics. (J'ai encore de la difficulté à saisir la niche idéologique de ce parti qui semble finalement plus à gauche que les travaillistes britannique actuellement). Je garde toutefois mes prédictions du début : le pouvoir ira aux conservateurs, mais minoritaires !

Ces élections feront sans doute des lib-dem de Nick Clegg les détenteurs de la balance du pouvoir et Clegg s'est aménagé un espace politique prometteur, demeurant ouvert à former une coalition tant avec les travaillistes qu'avec les conservateurs...

mardi 4 mai 2010

Le bilinguisme et la Cour Suprême

Le 1er ministre du Canada est responsable de nommer les juges à la Cour Suprême lorsqu'un poste se libère. Un débat a émergé récemment - suite à l'adoption par la Chambre des Communes d'un projet de loi - sur les critères qui devraient guider le PM dans ses choix : devrait-on exiger des candidatures en lice qu'elles soient bilingues ? Dans la francophonie canadienne, on milite pour que le bilinguisme soit un exigence, mais au Canada anglais, on critique généralement cette exigence, prétextant qu'elle empêcherait d'éminents juristes d'accéder à la magistrature...
L'ex-juge à la Cour Suprême, Claire L'Heureux-Dubé,
a pris position pour que les juges soient bilingues. 
(Fait à noter, presque nulle part dans les milieux intellectuels du ROC - rest of Canada - on ne remet en question la discrimination positive, qui cherche à favoriser l'embauche de gens issus des minorités visibles ou culturelles. Mais lorsqu'il est question du critère de la langue, on s'insurge en disant que ce critère favorise le nivellement et discrimine les meilleurs !)

Le Canada a officiellement adopté la loi sur les langues officielles en 1969 et depuis, le Rapport annuel déposé par le Commissaire aux langues officielles démontre que le bilinguisme se porte bien au Canada dans les zones du pays où les francophones sont majoritaires, c-à-d au Québec et en Acadie essentiellement. Le débat actuel sur le bilinguisme des juges en est une illustration supplémentaire : seuls les francophones doivent être bilingues pour espérer accéder à la Cour Suprême, alors que les anglos peuvent bénéficier de traducteurs...

Encore et toujours, le poids du bilinguisme au Canada repose sur les épaules des francophones !

Mais le problème révélé par ce débat est plus profond : l'éditorial de Josée Boileau dans Le Devoir d'aujourd'hui mentionne de nombreuses études démontrant que les plaidoiries en français à la Cour Suprême sont mal traduites et que l'accès à la justice est compromis par l'unilinguisme de la majorité des juges...

Ah le pays canadien où tous les citoyens sont égaux d'un océan à l'autre !

dimanche 2 mai 2010

Trois ministres emprisonnés ?

La décision du Président de la Chambre des communes Peter Milliken, de réaffirmer la suprématie du parlement sur le gouvernement dans le cas du dossier secret des prisonniers afghans aura des répercussions, mais lesquelles?
Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.
Il est possible que l'opposition appelle trois ministres «à la barre», c-à-d qu'elle accuse Lawrence Cannon (Affaires étrangères), Rob Nicholson (Procureur général), ains que Peter Mackay (Défense) d'outrage au Parlement pour avoir refusé de divulguer les documents essentiels permettant d'exercer un contrôle sur l'activité gouvernementale... Si l'opposition va dans cette direction, c'est pour faire pression sur le gouvernement pour que ce dernier accepte de divulguer les dossiers secrets «caviardés» (censurés) aux membres du comité parlementaire chargé d'étudier les cas de détenus afghans torturés. Les sanctions possibles ? Expulsion du Parlement (le dernier cas est Louis Riel) ou même emprisonnement ! Ce serait une première dans l'histoire canadienne !

Disons que cette initiative n'est pas sans risque, puisque M. Harper peut menacer de faire de cet imbroglio une question de confiance, ce qui veut dire que s'il est battu par une majorité de députés sur cette question, il doit démissionner et déclencher des élections.

Ignatieff est-il prêt ? Le Boc et le NPD eux, ont fait leur choix !