jeudi 31 mars 2011

De quelques espoirs possibles...

J'ai discuté hier du danger que constitue la morcellisation de l'espace public pour la démocratie et comment les «médias sociaux» comme Facebook peuvent paradoxalement renforcer l'isolement des individus en les maintenant dans le confort du privé ainsi qu'en les limitant à leurs seuls «amis»...

Or, une des caractéristiques centrales des régimes totalitaires (nous n'en sommes pas encore là bien sûr, mais il faut connaître les risques d'une destination pour savoir l'éviter...) est de chercher à briser la cohésion sociale et la solidarité entre les individus. Seuls face à l'État, nous sommes effectivement impuissants ! En URSS et dans les régimes de type soviétique, on pratiquait la punition collective pour briser le lien social jusque dans la famille : si on trouve un dissident, on punit toute sa famille, de façon à ce que personne ne soit solidaire de cet «ennemi de l'État». Il arrivait alors souvent que des enfants dénoncent leurs parents pour sauver leur peau...

Notre isolement aujourd'hui est plus discret. Nous sommes en contact avec l'humanité entière par Facebook, Twitter et les autres, mais ce contact peut être considéré comme ténu et superficiel. Il ne porte pas encore à conséquence.

Reste que les révolutions arabes en court ont grandement bénéficié de ces réseaux : ils ont même constitué une rampe de lancement incontournable à la mobilisation collective ! Chez nous, la pétition qui a recueilli 250 000 signatures pour réclamer la démission de Jean Charest a envoyé un message clair de mécontentement de la population à l'égard de la corruption endémique et de la gestion du dossier des gaz de schiste... Mais cette «mobilisation» Facebook qui a eu des conséquences politiques immenses dans le monde arabe ne semble pas déboucher chez nous vers quelque chose de tangible... Comme si notre colère exprimée par un clic suffisait. Comme si la mobilisation par internet ne réussissait pas à franchir le cap de la rue !

Mais peut-être jugeons-nous que notre colère n'est pas encore assez grande... (Pourtant moi je sens venir en moi dans le tréfonds de moi, pour la première fois, malgré moi, malgré moi, entre la chair et l'os, s'installer la Colère !)*

Et donc peut-être que les réseaux comme Facebook pourront véritablement - dans un avenir proche ? - contribuer à forger le grand changement politique et social auquel nous aspirons dans le contexte de vide politique qui est le nôtre. Voici un espoir possible.

*L'Alouette en colère de Félix Leclerc

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