vendredi 13 mai 2011

Les délires d'un vieux financier.


Stephen Jarislowsky, celui que plusieurs ont présenté comme un «sage» dans le domaine de la finance lors de la crise financière de 2008, vient de démontrer que ses qualités de planificateur financier ne font pas de lui un analyste nuancé et intelligent.

Dans une entrevue accordée à La Presse, il affirme que «le courant indépendantiste est toujours animé d'une ferveur religieuse au Québec. Les gens qui veulent le pouvoir à tout prix vont raconter toutes sortes d'histoires pour l'obtenir. C'est peut être pas nazi... mais c'est fasciste!» lance-t-il.

Bon, il est de bon ton dans les milieux Canadiens-anglais de traiter les nationalistes québécois de «nazis et de fascistes». C'est disons un réflexe facile pour diaboliser l'ennemi. Mais ce dérapage langagier est dangereux, d'abord parce qu'il est faux, mais aussi parce que lorsque de véritables «nazis ou fascistes» se pointeront à l'horizon, comment M. Jarislowsky est ses acolytes les désigneront-ils ? Quels mots emploieront-ils pour s'insurger contre un vrai raciste, un vrai danger pour la démocratie et les droits des minorités ???

Et puis, ce citoyen de Westmount se rend-il compte que sa communauté - les anglophones du Québec - est sans aucun doute la minorité la mieux traitée dans le monde démocratique ? Si nous étions vraiment «fachos», il me semble que nous aurions remédié à cette situation pour le moins problématique d'une minorité ultra-riche et privilégiée parmi la majorité qu'il qualifie d'irrationnelle... Je me méfie de ces détenteurs de vérité qui croient que seule leur option est rationnelle et que l'autre n'est qu'un adversaire ignare ou pire : fasciste ! Il y a du fascisme dans une telle attitude...

La minorité anglo-québécoise n'est pas ostracisée, elle demeure plus riche, plus éduquée que la majorité des citoyens du Québec; elle bénéficie d'institutions de renoms, financées par l'État et depuis René Lévesque jusqu'à Pauline Marois, jamais les leaders indépendantistes n'ont remis en question cet état de fait. Que M. Jarislowsky se sente menacé par le projet indépendantiste, j'en conviens, puisque le statut de sa communauté deviendrait alors officiellement minoritaire... Mais est-ce une raison suffisante pour déraper autant ?

À ce que je sache, je n'ai jamais traité Stephen Harper de nazi ou de fasciste, même si je suis persuadé qu'il contribue plus que tout autre leader dans l'histoire canadienne, à éroder les fondements de notre démocratie parlementaire.

Comme le «papier commercial adossé à des actifs» qui a contribué à déclencher la crise financière de 2008, l'usage du mot «fasciste» perd de sa valeur et de sa signification s'il est adossé à n'importe qui et n'importe quoi...

1 commentaire:

  1. En ce 26 mai à Christiane Charette, le vieux Jarislowky vient de nuancer son propos et semble avoir été mal compris... Le mot fascisme est synonyme d'autoritaire selon lui et ce sont les fusions municipales qu'il condamnait à ses dires, pas le mouvement souverainiste en soi... Bon, peut-être faut-il lui rappeler que les mots ont un sens et que le vocabulaire est assez riche si on a le soucis d'être bien compris...

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